Histoire d’une entreprise familiale bientôt centenaire.
Quel est le point commun entre Johannes Gutenberg, Fernand Bussière et Steve Jobs ? Depuis le samedi 10 février 2024, les publics de l’Atelier-Musée de l’Imprimerie, installé à Malesherbes, dans le Loiret, peuvent découvrir deux espaces d’expositions permanentes entièrement renouvelés et enrichis par les histoires d’entreprises qui ont révolutionné leurs secteurs et les pratiques des professionnels des industries graphiques.
Une curiosité qui conduira à s’intéresser à la photogravure et à la photocomposition appliquées à la publicité et à l’édition, à travers l’histoire du groupe familial Bussière Arts Graphiques ou encore à la Publication Assistée par Ordinateur et à la fulgurante aventure Apple/Macintosh.
C’est au lendemain de la seconde Guerre Mondiale que Fernand Bussière (1900-1954) se consacrera pleinement à la photogravure, en séparant les activités de l’entreprise, créée vingt ans plus tôt, avec son ami et associé Paul Nouel, qui conserve, lui, l’imprimerie. Puis quand Fernand disparaît, ses enfants Michel (1929-2018) et Marie-Françoise (1932-2012) reprennent l’affaire familiale avec le souci de faire de la qualité, la règle absolue de leurs productions. La société emploie alors soixante-cinq personnes.
Vingt ans plus tard, Bussière Arts Graphiques obtient de nombreux et prestigieux prix et oscars : Cadrats d’Or, Aigle d’Or, Prix Vasari… qui distinguent le professionnalisme et l’excellence de l’entreprise, comptant alors sept cents employés et regroupant plusieurs activités : photogravure, bien sûr, mais aussi photocomposition, impression et cartonnage. Elle compose et imprime les magazines Vogue, Figaro Magazine, Prima, Play-Boy, Lui… ; les affiches et catalogues des musées nationaux ; les pochettes de disques des grands éditeurs musicaux… exposés, en partie dans le nouveau cabinet de curiosités de l’Atelier-Musée de l’Imprimerie.
Tandis que les activités des industries graphiques se développent, la saga familiale se poursuit, dès 1979, quand les trois enfants de Michel Bussière : Frédéric, Marie et Nicolas intègrent l’entreprise. Frédéric dirige Glory Impression Cartonnage qui mutera pour devenir le principal fournisseur de sacs et de boîtes pour les plus grandes maisons de luxe, Hermès par exemple ; Nicolas, la société Desgrandchamps, imprimerie centenaire et Marie qui centralise les fonctions administratives, juridiques et ressources humaines. Aujourd’hui, la quatrième génération, Adrien et Lauren Bussière, prolonge l’aventure familiale…
Depuis sa fondation en 1924, Bussière Arts Graphiques aide à révéler de jeunes talents, magnifie le travail d’artistes plus établis, fait appel à des créateurs sans s’arrêter aux frontières des spécialités : la calligraphie, la typographie, la mode, le design, la photographie… et les noms des artistes sollicités et/ou associés défilent : Jean-Charles de Castelbajac, César, Robert Doisneau, Roger Excoffon, Jean Larcher, Hilton Mc Connico, Andrée Putman, Agatha Ruiz de la Prada, Jean-Jacques Sempe… Bussière Arts Graphiques a 100 ans. La rétrospective des apports de l’entreprise familiale dans les activités du prépresse, et plus largement de la chaîne graphique, sont considérables, parmi eux : le Busnews, ancêtre des newsletters ; Typomondo, l’incroyable magazine de référence de la typographie ; et toujours ce traitement sans égal du texte et de l’image « avec ses noirs profonds, ses gris veloutés, ses blancs aériens » comme l’écrit Marie Bussière, mais aussi ses quadrichromies époustouflantes qui ont appelées les commandes des plus grands artistes et des plus grandes maisons d’édition.
Bussière Arts Graphiques, une histoire d’entreprise, une réussite incontestablement liée à la volonté jamais démentie d’allier l’excellence technique à l’exigence artistique permettant à Michel et Marie Françoise Bussière d’affirmer « que la communication imprimée n’a d’avenir que grâce à la conjonction de la créativité et de la technologie. »
La technologie. Bien sûr, le métier a profondément évolué, l’arrivée du numérique a profondément bouleversé la photocomposition, supplantée par la Publication Assistée par Ordinateur et le travail sur l’image – de la conversion colorimétrique à la retouche chromatique – est désormais pleinement intégré dans la chaîne graphique.
En 1984, Steve Jobs, co-fondateur d’Apple/Macintosh, met sur le marché le Macintosh 128K : 34 centimètres de haut, 27 centimètres de profondeur, le premier format « tout-en-un », intégrant un écran, une carte-mère et un lecteur de disquette dans une même « boîte » et qui participera à ouvrir l’ère du numérique et à transformer le monde du graphisme et de l’impression. Alors comment ne pas s’intéresser à la fulgurante saga Apple/Macintosh pour comprendre les évolutions de la photocomposition et du traitement de l’image, de la mise en page et de la création graphique… ?
Johannes Gutenberg, Fernand Bussière et Steve Jobs ont en commun d’avoir, chacun à leur époque, participé à la révolution de l’imprimerie et de ses applications, dont Victor Hugo disait qu’elle était « la révolution mère ». Mère de toutes les autres. On vous donne ainsi rendez-vous dès maintenant à L’Atelier-Musée de l’Imprimerie à Malherbes (45330) pour découvrir ces deux nouveaux espaces : Bussière, une histoire d’entreprise et Think Different, l’aventure Apple/Macintosh.
Horaires :
L’Atelier-Musée de l’Imprimerie à Malherbes (45330) est ouvert du mardi au vendredi de 09h à 17h30, le samedi de 14h à 17h30 et le dimanche de 10h à 17h30.
Tarifs :
10€ (tarif plein)
8€ (senior, plus de 65 ans)
5€ (Etudiant, 6 – 18 ans, demandeurs d’emploi)
Gratuité : moins de 6 ans, titulaires carte d’invalidité…
Venir au Musée :
70, avenue du Général Patton, Malesherbes, 45330 Le Malesherbois (Parking privé gratuit, bus, voitures, motos, vélos)
En RER – Arrêt Malesherbes RER (15 minutes à pied)
En bus – Voir les lignes Rémi Centre-Val de Loire ou R’Bulle, Arrêt Gare de Malesherbes (15 minutes à pied)
Visitez le site internet de l’Atelier-Musée de l’Imprimerie en cliquant ici.